File dans ta chambre de Caroline Goldman : le livre à balancer à la gueule de vos enfants ?

On est le 4 juin, c’est le matin de mon anniversaire et entre deux appels téléphoniques, je regardais du standup sur YouToub quand l’algorithme m’a recommandé cette vidéo de Caroline Daufouy :

L’algo a dû se dire : « Go shorty, it’s your birthday, tu aimes l’humour et tu aimes l’éducation. Cadeau : tu vas aimer cette vidéo ! » Et je ne suis pas censée travailler le jour de mon anniversaire, je dois faire un effort monstre pour ne rien faire d’autre que me faire à bouffer, m’acheter à bouffer, bouffer, dormir (si possible au bord de l’eau), glander et répondre aux appels de joyeux anniversaire. Mais là, j’ai craqué. 😅 Ça va oh, ce n’est qu’un article sur esukudu, où je ne fais absolument aucune recherche, je ne fais que redire par écrit exactement ce qui est abordé dans la vidéo tout en racontant ma vie au passage.

« It’s your birthday. You don’t have to do nothing. » (Destiny’s Child, « Birthday »)

Caroline Daufouy est, comme le nom de sa chaîne l’indique, une « accordeuse de familles ». Bon je ne sais pas ce que ça veut dire, et comme c’est mon anniversaire, je ne vais même pas faire la recherche à votre place ! La question qu’elle pose d’entrée de jeu dans sa vidéo :

« Qu’est-ce qui permet à une culture d’évoluer ? Comment fait-elle pour décider de faire le premier pas suite à un déclencheur, puis modifier ses comportements un à un ? J’aimerais bien le savoir. Nous allons voir ensemble une personne qui, elle, tente de faire évoluer les mentalités par leurs actions.« 

J’avoue, je n’ai rien compris à son introduction, mais ça c’est parce que j’ai écouté. La vidéo a pour titre : « Élodie Poux dézingue le livre de Caroline Goldman », ce livre qui, d’après le titre de mon article, serait parfait pour donner des baffes sans laisser d’empreintes (les teams premier degré, qu’est-ce que vous devez souffrir en me lisant ! Je rigole… Personne ne me lit.) Il s’agit donc du compte-rendu écrit d’esukudu sur le compte-rendu vidéo de Caroline Daufouy sur l’analyse en humour d’Élodie Poux du livre File dans ta chambre de Caroline Goldman.

Caroline Goldman est psychologue, son père est un célèbre chanteur français dont j’ai chanté une chanson au karaoké pas plus tard qu’avant-hier (« À nos actes manqués » 🎶eh eh eeeeh eh eeh🎶). Elle a publié en avril 2023 un livre chez Dunod qui va à l’encontre de tous les préceptes de l’éducation positive (information à prendre avec des pincettes, car 1) je ne l’ai pas lu, 2) je ne connais pas tous les préceptes de l’éducation positive). En tout cas, pour reprendre les mots d’Élodie Poux, dans son livre, la psy « dénonce les dérives de la parentalité positive« .

Mais au moment où j’entends parler de ce livre, j’ai déjà pris un peu plus de recul face au métier de psychologue que j’ai mis sur un piédestal pendant près de 10 ans. Ce n’est qu’il y a quelques mois que j’ai enfin commencé à comprendre que les psys sont des êtres humains adultes et que les êtres humains adultes sont des nœuds de traumas non résolus, de préjugés décomplexés, de violences gratuites, d’égocentrismes, de narcissisme… Donc le propre de l’être humain adulte, c’est de dire et faire de la merde. Même dans le domaine dont on se dit expert∙e. Mon tatouage de grenouille (censé représenter la série Young Royals) est là pour me le rappeler : moi, la relectrice professionnelle, j’ai une grosse faute de conjugaison dans mon tatouage ! Le dernier endroit pour faire une faute ! Bref, il n’est pas impossible que la psychologue Caroline Goldman n’ait écrit que de la merde dans son bouquin de psychologie. Ça arrive aux meilleur∙e∙s d’entre nous. C’est d’ailleurs pour ça que les meilleur∙e∙s d’entre nous… votent à droite.

BRWEF ! Dans sa vidéo, Caroline Daufouy identifie 3 arguments d’Élodie Poux contre le livre de Caroline Goldman et le premier serait la preuve par l’absurde :

  1. « Sa méthode de dressage consiste, entre autres, à isoler l’enfant dans sa chambre pour le punir à partir de l’âge d’un an. Un an ! Comme disait ma tante à mon oncle quand il voulait lui sauter dessus dès le réveil : ‘Est-ce que ce ne serait pas un petit peu tôt ?' »

Caroline Daufouy dit que l’humoriste « resitue le cadre. C’est-à-dire qu’elle démontre qu’un enfant d’un an au niveau de son stade de développement n’est pas en capacité de comprendre cette punition. Pour cela, elle utilise des images et explications absurdes, afin que tout le monde comprenne de quoi il s’agit. » :

« Pour info, un enfant d’un an, c’est ça. Pour ceux qui n’en ont pas vu depuis longtemps. Ça se déplace comme un manchot sous acide. Ça n’a pas encore tout à fait compris que le mec dans le miroir, oh, c’est lui ! Ça croit qu’il est caché quand il est derrière ses mains. Bon… Je sais pas si c’est très efficace d’envoyer dans sa chambre un être humain qui fait pas encore la différence entre le trou de la prise et l’anus du chat. »

Caroline Daufouy identifie ensuite le deuxième argument, qu’elle trouve tout aussi « factuel et concret, c’est-à-dire qu’on identifie qu’un enfant est un enfant de par sa nature, c’est-à-dire son âge, mais aussi par son stade de développement. » (Je commence à comprendre pourquoi je ne comprends rien quand je l’écoute.) « Et lorsqu’on souhaite éduquer un enfant, ça va en totale contradiction avec son développement. Ou, autrement dit, un enfant reste un enfant de par ses actions ou ses apprentissages, que les adultes appellent bêtises, mais en tout cas ses expériences qui lui permettent justement de grandir et d’appréhender la vie et son entourage. » Et avec les mots d’Élodie Poux :

2. « Alors, il y a tout une liste de méfaits. Elle a créé une liste de méfaits qui est très longue, pour lesquels il faut envoyer le gosse dans sa chambre : parler trop, faire trop de bruit, se plaindre, ne pas obéir, être agité∙e… Voilà, en gros, il faut enfermer son gosse quand il agit comme… comme un gosse. »

Pour l’accordeuse de familles, « ce positionnement dans le concret permet à la personne qui visionne sa vidéo de se dire qu’en effet, un enfant, de par sa constitution, réagit comme cela, donc vouloir l’en empêcher c’est soit contre-nature, soit contre-productif. »

Le troisième et dernier argument est la phrase « on n’en est même pas mort ». En France (le pays d’Élodie Poux et de Caroline Goldman), beaucoup d’adultes ont connu la fessée, les humiliations, les menaces et n’en sont pas mort∙e∙s, et c’est l’argument souvent utilisé pour reproduire toutes ces violences dans l’éducation des enfants d’aujourd’hui. Bon, pour cette partie, j’ai dû faire un peu de recherche (nooooon le jour de mon anniversaiiiire ! Regardez tout ce que j’ai écrit, c’est dire à quel point personne ne me téléphone cette année 😭 Ah… je n’en suis pas morte.) et quand Élodie Poux brandit cette citation d’un certain Alphonse Balavoine, il m’est impossible de retracer sa source. Je me suis dit « c’est peut-être la personne qui a rédigé la préface », mais on ne trouve rien sur Voogle quand on cherche Alphonse Balavoine. Alors, j’ai pensé que c’était un enfant de chanteur célèbre, comme Caroline Goldman. Ça fait des points communs : « Hein, mon père n’était jamais là, toujours en tournée, en répète ou en concert, il ne m’a pas aidé∙e une seule fois à faire mes devoirs et n’a pas assisté à une seule de mes kermesses, mais est-ce que j’en suis mort∙e ? » Bref, je ne sais toujours pas qui est cet Alphonse Balavoine qui aurait écrit cette phrase qui a choqué Élodie Poux : « J’ai pris des roustes toute mon enfance et j’en suis pas mort. » Et elle décortique :

3. « Le fait de ne pas être mort revient très souvent chez les professionnels de l’éducation à l’ancienne : ‘On eN eSt PaS mOrT, oN En EsT pAs MoRt…’ Alors, la préface devait être écrite par les deux enfants par jour qui meurent en France, eux, sous les coups de leurs parents. Mais ils n’ont pas pu l’écrire, parce qu’ils sont morts. En plus, à 5-6 ans, ça sait pas écrire, mais… ils voulaient pas demander un coup de main à leurs parents. Ils avaient peur que le message soit mal interprété. »

Le décryptage de Caroline Daufouy : « Le rire, l’ironie plutot, explicite quand même qu’en France, actuellement [tous les jours], il y a deux enfants qui meurent sous les coups de leurs parents. (…) Ça montre bien le ridicule de cette phrase qui nie la réalité des faits. »

Bref, c’est comme dire aux féministes : « Violences conjugales, violences conjugales, moi mon mari me tape et j’en suis pas morte. » Hey à ce propos, je vous recommande la série H24 sur Arte.tv dont j’ai écrit un épisode ! (Vidéo disponible dans certains pays d’Europe.)

Mon avis sur la question ?

Je l’ai sûrement partagé dans d’autres articles il y a 50 ans. J’ai raconté comment j’étais tombée, adulte, sur ma maîtresse d’école qui me tapait (voir l’article « nombre de fautes, nombre de coups« ). J’ai partagé pas mal d’articles sur la question de la punition, mais je ne vous ai jamais vraiment partagé mon avis. Vu les articles que je mets en avant, vous devriez en avoir une idée, non ? Sur l’éducation nouvelle, sur Montessori, sur les neurosciences affectives, etc.

J’ai grandi au Cameroun, j’étais scolarisée au Cameroun jusqu’à la classe de Seconde (première année de secondaire), et le système éducatif camerounais est fondé sur le principe : « Qui aime ien châtie bien. » Donc les punitions au tableau, les coups de fouet devant toute la classe, les heures à genoux sous le soleil à deux doigts de m’évanouir, j’ai connu ! Mais à la maison, mon éducation parentale était une éducation bienveillante. L’éducation des nounous était plus sévère (on me cognait sur le front quand je mettais le pied droit dans le soulier gauche… jusqu’aujourd’hui j’ai un petit coup de stress quand je dois distinguer ma pantoufle droite de la gauche : c’est comme distinguer Les Républicains de la République En Marche)

Aujourd’hui, adulte, je ne lève pas le ton sur qui que ce soit (et si je le fais, je dois absolument présenter mes excuses, quel que soit l’âge de la personne) et surtout, et ça je le dois à mes parents, je ne laisse strictement personne hausser le ton devant moi. Je m’extirpe de la conversation et de la relation dès que c’est le cas. Il y a rarement de deuxième chance. Et puis, comme disait Sheldon Cooper : ça ne sert à rien de dire des gros mots, il y a bien d’autres façons de faire du mal à quelqu’un.

Il y a d’autres façons de faire du mal à vos enfants que de leur taper dessus, les gronder ou de les envoyer dans leurs chambres. Par exemple, vous pouvez décider, une fois qu’iels seront grand∙e∙s, de ne pas les appeler pendant cinq ans, même pas pour l’anniversaire du jour où vous les avez pris∙es pour la toute première fois dans vos bras. Elle vous dit pas ça, Caroline Goldman, hein ? C’est pour le livre d’après : 30 Astuces faciles pour blesser son enfant extérieur.

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